mardi 21 février 2012
SAINT DOMINGUE Le président Leonel Fernandez a récemment fait voter une résolution à l’ONU contre la spéculation sur les matières premières. Alors que son mandat se termine en août prochain, il a fait pour nous le bilan de son mandat. L’une des ses grandes fiertés est d’avoir développé la coopération avec le voisin haïtien, surtout depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010 qui a fait plus de 200 000 morts.
Où en sont les relations entre Saint Domingue et Haïti deux ans après le tremblement de terre qui a touché Port-au-Prince le 12 janvier 2010 ?
LEONEL FERNANDEZ J’ai été le premier chef d’état à me rendre en Haïti après le tremblement de terre de janvier 2010. De même que j’avais été le premier président dominicain à visiter Port au Prince en 1998 après des années de relations compliquées. Ces relations bilatérales sont pour moi essentielles, politiquement, économiquement et culturellement. La catastrophe de janvier 2010 a été, pour nous Dominicains, l’occasion de nous rapprocher des Haïtiens avec qui nous partageons l’Île d’Hispaniola. A l’occasion du deuxième anniversaire de la catastrophe, nous avons inauguré avec mon homologue haïtien Michel Martelly l’Université Henri Christophe à Cap Haïtien. Je m’étais engagé à livrer cette université le 12 janvier 2012. Le bâtiment a coûté 52 millions de dollars à la République dominicaine. C’est un investissement sur l’avenir d’Haïti, un message d’espoir aux nouvelles générations.
Vous avez fait adopter en décembre par l’Assemblée générale des Nations Unis une résolution sur « la volatilité extrême du prix des matières premières agricole ». Qu’en attendez-vous ?
L’approbation de cette résolution par l’ONU n’est pas la solution au problème mais le triomphe d’une idée : la spéculation financière est aujourd’hui la principale cause de la variation des prix des matières premières agricoles. On sait que ces dernières années les prix ont été orientés à la hausse par l’augmentation de la demande chinoise et indienne, l’expansion dans le monde de la classe moyenne, les conséquences des changements climatiques, l’utilisation du mais ou du sucre pour fabriquer des biocarburants. Mais on oublie toujours une chose : de nouveaux acteurs sont intervenus en masse sur les marchés à terme agricoles : les fonds de pensions, les assurances, etc. Ces nouveaux acteurs sont purement financiers et influencent de façon totalement irrationnelle les prix agricoles. Il faut lutter contre cette spéculation qui se fait au détriment des plus pauvres. La résolution prévoit une conférence de haut niveau à laquelle seront associées des agences de l’ONU comme la FAO. L’idée qu’il faut réguler l’intervention des acteurs financiers sur les marchés agricoles fait son chemin. Michel Barnier s’y intéresse au sein de l’Union européenne. Le G20 et, en premier lieu Nicolas Sarkozy, a montré sa préoccupation à ce sujet. Des voix se sont exprimées dans le même sens aux Etats-Unis.
leonel2.jpgQue préconisez-vous ?
Il faut limiter les prises de positions des agents purement financiers sur les marchés à terme. Le président Sarkozy a inscrit le sujet à l’agenda du G20. Il parle maintenant d’imposer une taxe sur les transactions financières qui va dans le même sens. Bien sûr, il faut que ce type de mesures se fasse au niveau mondial. Une taxe sur les transactions financières au niveau mondial pourrait en tout cas largement financer les actions indispensables pour atteindre les objectifs du millénaire et notamment en finir avec la faim dans le monde.
Vous finissez votre mandat en août prochain après 8 ans au pouvoir. Quel bilan en faîtes-vous ?
Quand je suis arrivé à la tête du pays en 2006, le PIB dominicain était de 20 milliards de dollars. Il est de 56 aujourd’hui. 38 000 personnes bénéficiaient de la sécurité sociale. Ils sont aujourd’hui 4 millions. J’ai multiplié par 4 le budget de l’éducation Nous sommes passé de 3 à 4 millions de touristes par an. Je laisse le soin à mes adversaires d’exprimer les critiques. Je ne veux pas prendre leur travail ! (Photo Patrick Bèle/Le Figaro.)
Voir en ligne : http://blog.lefigaro.fr/amerique-la...