« S’ils me tuent… Je sortirai mes bras de la tombe et je serai plus forte »
Minerva Mirabal
Le 25 novembre 1960, les trois sœurs Mirabal, militantes du Groupe politique du 14 juin (Agrupación política 14 de junio), furent assassinées sur les ordres du dictateur dominicain Rafael Leonidas Trujillo.
Nées respectivement en 1924, 1927 et 1935 dans la région du Cibao, Patria, Minerva et Maria Teresa Mirabal - les « papillons » (las mariposas ), comme on appelait Minerva - étaient des opposantes déterminées à une dictature qui sévissait depuis 1930. Elles avaient été emprisonnées à plusieurs reprises, ainsi que leurs maris, en raison de leurs activités révolutionnaires et de leur combat pour la démocratie et la justice.
En novembre 1960, Trujillo déclara que ses deux ennemies étaient l’Église et les sœurs Mirabal. Le 25 du même mois, elles furent enlevées et tuées par les membres de la police secrète du régime, alors qu’elles se rendaient à Puerto Plata pour rendre visite à leurs maris emprisonnés. Leurs cadavres, ainsi que celui de Rufino de la Cruz, qui les accompagnait, furent retrouvés au fond d’un précipice. Ces assassinats provoquèrent une énorme émotion dans la population et déclenchèrent un vaste mouvement anti-Trujillo. Moins d’un an plus tard, le 30 mai 1961, le tyran fut exécuté dans une embuscade tendue par des membres de ses propres forces armées.
Lors de la Première Rencontre féministe pour l’Amérique latine et les Caraïbes, tenue à Bogota (Colombie) en 1981, de nombreuses femmes dénoncèrent les violences qu’elles avaient subies au sein de leur famille ou hors du cercle familial, ainsi que celles commises par l’État (tortures, viol des prisonnières politiques, etc.). À l’issue de cette rencontre, il fut décidé de faire du 25 novembre la Journée de l’élimination de la violence à l’égard des femmes, commémorée ensuite dans de nombreux pays d’Amérique latine.
Le 19 octobre 1999, lors de la 54e session de l’Assemblée générale des Nations unies, les représentants de la République Dominicaine et de 74 autres États membres présentèrent un projet de résolution visant à faire du 25 novembre la Journée internationale de l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Le 17 décembre suivant, ce texte deviendra la résolution 54/134 qui définit cette violence comme tout acte portant un préjudice physique, sexuel ou psychologique aux femmes, que ce soit dans la sphère privée ou publique.
Un demi-siècle s’est écoulé depuis la mort des trois soeurs. Pour rendre la lutte contre la violence à l’égard des femmes plus efficace au niveau international, les Nations Unies ont crée un nouvel organisme, ONU Femme, placé sous l’égide d’une Latino-américaine éminente : l’ancienne présidente chilienne Michelle Bachelet. Une autre manière de rendre hommage à Patria, Minerva et Maria Teresa Mirabal, symboles, pour toute l’Amérique latine et, au-delà, pour toute la communauté internationale, de l’esprit de résistance du peuple dominicain et des femmes dominicaines en particulier.