Maison de l’Amérique latine, le 23 février 2012
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, et autres représentants du corps diplomatique accrédités en France, représentants du gouvernement français, parlementaires des deux Assemblées, universitaires et chercheurs qui travaillez sur l’Amérique latine et connaissez bien notre pays, représentants des mondes économique, politique et associatif, amis de la République Dominicaine, chers concitoyens dominicains.
Dans quatre jours, le 27 février, la République Dominicaine célèbrera le 168ème anniversaire de son indépendance. Pour nous tous, Dominicains, où que nous soyons dans le monde, cette Fête nationale est d’abord un moment d’émotion, l’occasion de remettre en mémoire et en perspective les luttes qui ont conduit à la naissance de notre patrie, ainsi que celles menées par la suite contre toutes les formes de domination et d’oppression.
Mais le 27 février est aussi l’occasion de dresser le bilan des difficultés que nous avons connues et des succès que nous avons remportés au cours de l’année écoulée. Tel sera le propos du discours sur l’Etat de la nation que prononcera ce jour-là le Président Leonel Fernandez. Le fait que ce discours soit le dernier de son mandat actuel, puisqu’il quittera ses fonctions le 16 août prochain, lui confèrera une signification particulière.
Je voudrais aujourd’hui, sans une auto-satisfaction qui serait déplacée, vous dire brièvement où en est un petit pays comme le nôtre au milieu de la tourmente économique, financière et sociale qui affecte tout particulièrement l’Europe.
Je voudrais également dresser un rapide tableau des relations bilatérales entre la République Dominicaine et la France, que, par anticipation, je résumerai en un seul mot : excellentes.
Je voudrais ensuite vous montrer que la République Dominicaine est pleinement engagée dans le processus historique de l’intégration de l’Amérique latine et de la Caraïbe.
Enfin, je m’adresserai à la communauté dominicaine en France, si joyeusement représentée ce soir, pour lui redire que l’ambassade que j’ai l’honneur de diriger est aussi sa maison et que les nouveaux outils de communication dont elle s’est dotée sont également les siens.
Permettez-moi de vous donner quelques éléments chiffrés sur l’état de la nation du point de vue économique. Alors que la majorité des pays européens sont au bord de la récession, la RD a connu en 2011 une croissance proche de 5 %. Pour la troisième année consécutive, les investissements étrangers ont dépassé le seuil des 2 milliards de dollars. La fréquentation touristique a progressé de 3,7 %, tout comme l’activité des secteurs agricole (+ 6,9 %), de l’éducation (+ 5,3 %) et de la santé ( + 5,3 %). Est-ce à dire que notre pays ne connaît pas de difficultés ? Certainement pas. Il reste énormément à faire pour réformer la fiscalité en profondeur, pour moderniser un réseau de distribution électrique défaillant, pour démocratiser l’accès à l’éducation qui reste très inégalitaire et surtout pour éradiquer la corruption et redistribuer la richesse produite en faveur des catégories populaires. Mais les premiers résultats sont là et l’histoire en créditera le Président Fernandez.
J’ai déjà dit que nos relations bilatérales avec la France sont excellentes, et cela dans les secteurs les plus divers. Nos deux gouvernements ont une vision commune sur la nécessité de lutter contre deux fléaux planétaires. D’abord contre la spéculation sur les matières premières, grande cause impulsée par le Président Fernandez au sein de l’ONU et que le Président Sarkozy a également portée au G-20. Ensuite contre le narcotrafic qui a fait l’objet d’une prise de position du G-8 à laquelle la RD a été associée. Au plan économique, l’Agence française de développement est présente dans notre pays dans plusieurs domaines. Outre la coopération historique de l’Agence dans le secteur de l’environnement, il faut souligner l’importance de son engagement actuel dans le secteur privé, dans le domaine de l’enseignement supérieur, de la santé, des infrastructures, du secteur bancaire et de la micro-finance. Je citerai comme exemples de cette belle coopération la signature, en juillet 2011, d’un prêt d’aide budgétaire de 230 millions de dollars américains pour soutenir le plan de transports en commun de la ville de Saint-Domingue qui comprend, notamment, la construction de la ligne 2 du métro. Je citerai également l’engagement de l’Agence dans la formation professionnelle de haut niveau, avec le financement accordé à l’INFOTEP, pour la création de la première école de pâtisserie Alain Ducasse en Amérique latine, et celle d’une école hôtelière, en collaboration avec celle d’Avignon, dans les anciens locaux de l’hôtel El Naranjo de Higuey. Plus généralement, la coopération en matière éducative s’est encore fortement développée avec nos partenaires français : Dans l’enseignement universitaire, je voudrais, avant tout, souligner la poursuite d’une fructueuse coopération avec le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche français. C’est ainsi, par exemple, que 300 000 euros viennent d’être alloués au développement de la coopération universitaire de haut niveau entre nos deux pays pour les 3 prochaines années. Nous avons également continué la dynamique engagée de signature d’accords entre établissements d’enseignement supérieur des deux pays. Je citerai, en particulier celui avec l’Université Paris 8 qui, la semaine prochaine, conférera un doctorat honoris causa au Président Fernandez. Plus généralement, nous avons relancé les flux intellectuels et artistiques entre nos deux pays. Plusieurs missions d’universitaires et chercheurs français ont contribué à l’approfondissement du débat d’idées en RD. Dans l’autre sens, par leur créativité, les artistes dominicains, en premier lieu des musiciens et des peintres, ont pris une place grandissante sur la scène française. L’Espace Rencontres que nous avons aménagé dans les locaux de l’ambassade a contribué à faire connaître certains d’entre eux, rejoints par d’autres à la réputation déjà solidement établie. Parmi ces derniers, c’est pour moi un grand honneur de distinguer, pour lui remettre le Prix A COMPLÉTER PAR LAURA José Garcia Cordero qui vit et travaille en France depuis 1977. Notre ambassade a facilité ce chassé-croisé entre les mondes de la culture et de la pensée des deux pays, en particulier par la publication, en 2011 et cette année, d’Agendas présentant des textes d’intellectuels et des reproductions d’œuvres d’art bien connus en RD, et dont nous souhaiterions qu’ils le soient davantage en France. Ces contributions feront l’objet d’un livre qui sortira dans les prochaines semaines, et dont je peux déjà vous révéler le titre : République Dominicaine : Regards sur une île aux mille trésors.
Quelques mots maintenant sur la projection internationale de notre pays. Située au cœur de la Caraïbe, la République Dominicaine a naturellement vocation à s’intégrer dans des ensembles régionaux plus vastes et à entretenir les meilleures relations avec ceux dont elle ne fait pas partie. Notre région était déjà maillée par divers accords d’intégration comme, entre autres, le Mercosur ou la CARICOM dont nous faisons partie. Dans la période récente sont venus s’y ajouter l’Union des nations sud-américaines, l’UNASUR, et l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique, l’ALBA. Nous observons ces initiatives avec sympathie car elles concourent à l’affirmation de notre souveraineté commune. Pour notre part, nous avons activement participé à la création, en décembre dernier, de la Communauté des Etats latino-américains et caraïbes, la CELAC. Mais c’est d’abord la relation avec le peuple frère d’Haïti qui constitue notre priorité dans la Caraïbe. L’immense élan de sympathie et de solidarité des Dominicains avec les populations frappées par le séisme du 12 janvier 2010 a frappé tous les observateurs qui y ont vu à juste titre un tournant historique. Le Président Leonel Fernandez lui a donné une traduction concrète par la mise en place de structures de coopération bilatérale et par la prise en charge complète de la construction et de l’aménagement d’une université implantée à Limonade, ville proche de Cap Haïtien. Exactement deux ans après le tremblement de terre, le 12 janvier dernier, et au nom du peuple dominicain, le Président a remis les clés de cette université au Président haïtien Michel Martelly. On n’aurait pu trouver meilleur symbole de l’avenir à bâtir en commun par nos deux jeunesses.
Je me tourne maintenant vers mes compatriotes dominicains présents ce soir pour leur dire que l’ambassade est à leur service. D’abord pour les informer, grâce au nouveau bulletin d’information mensuel que nous publions et du site Internet que nous avons refondé. Nous avons aussi soutenu les actions concrètes d’associations de Dominicains résidant en France. Je pense, par exemple, à notre équipe de softball qui a, d’ailleurs, et à notre grande fierté, remporté le tournoi des Ambassades l’année dernière. Enfin, et c’est une « première » historique, nous avons fait les démarches nécessaires (parfois ardues et compliquées…) pour qu’un bureau de vote soit ouvert en France. Ainsi, pour la première fois les Dominicains résidant en France pourront exercer leurs droits de citoyens lors des élections organisées en République Dominicaine, et en particulier lors de l’élection présidentielle de mai prochain. Cette « conquète » est peut être celle qui nous rejouit le plus !
Je vous remercie de m’avoir écoutée si patiemment. Et maintenant que la fête commence ou plutôt qu’elle continue !